LE COUPLE COMME VOIE D’ACCÈS À SOI
Avec le temps, j’ai compris que la personne avec qui nous partageons notre vie ne nous tombe pas dessus par hasard.
Nous sommes attiré·es par la personne parfaite… non pas parfaite en soi, mais parfaite pour nous révéler à nous-mêmes.
L’autre agit comme un catalyseur. Un révélateur. Un miroir.
Il vient toucher nos espaces les plus sensibles, ceux que nous avons reniés ou refoulés. Mais aussi ceux que nous avons mis de côté, parfois même nos plus belles qualités, jugées autrefois comme inappropriées.
Il met en lumière ce que j’ose montrer… mais surtout ce que je cache encore. Il reflète autant ma lumière que mes ombres. Ce qui est déjà vivant en moi, et ce qui attend d’être reconnu, intégré, accueilli.
Souvent, ce que je cherche dans la relation me parle de ce que je n’ai pas encore pleinement rencontré en moi. Et ça, c’est unique à chacun·e.
Pour ma part, j’ai longtemps aspiré — inconsciemment — à un espace de sécurité émotionnelle. Un lieu où je pourrais exprimer librement mes émotions… celles que je ne m’autorisais pas. Je rêvais d’un amour qui accueille, qui accepte, qui ne juge pas.
Parce que moi-même, je ne m’accueillais pas. Je ne m’acceptais pas pleinement.
Avec le temps, j’ai compris que même si l’autre peut m’offrir cet espace, cela ne suffit pas à combler mes manques. Cela reste ma responsabilité.
L’autre n’est pas ma béquille. Ni ma « mamelle ».
Il n’est pas là pour réparer à ma place. Mais il peut m’accompagner. Par sa présence. Son écoute. Son amour.
Il peut me montrer la voie, simplement en étant lui-même. Car au fond, ce à quoi j’aspire profondément dans la relation à l’autre, c’est ce que je cherche à vivre d’abord dans ma relation à moi-même.
Apprendre à m’aimer telle que je suis.
Sans me juger. M’autoriser à ressentir, à traverser tout le spectre de mes émotions. Retrouver cette sensibilité que j’avais enfouie depuis si longtemps.
Petit à petit, je réapprends à m’appartenir. À reconnaître mes besoins, sans les projeter sur l’autre. À aimer mes fragilités. À me tenir dans qui je suis.
À m’accepter et m’aimer dans toutes mes parts.
Mon partenaire a été, et reste, l’un de mes plus grands enseignants sur ce chemin. Il m’a appris à m’aimer telle que je suis… simplement parce qu’il m’aime comme je suis.
Et s’il est essentiel que je sache répondre à mes propres besoins, j’apprends aussi à honorer mes besoins relationnels : Car oui, nous avons besoin de lien. De soutien. De reconnaissance. Et pour cela, nous avons besoin de l’autre.
Mais il est de notre responsabilité de nommer ces besoins, de les exprimer avec clarté, plutôt que de rester dans l’attente confuse que l’autre les devine.
C’est dans cette clarté, cette responsabilité partagée, que la relation devient un espace d’approfondissement. Un lieu où, souvent, ce que je projette sur l’autre est en réalité un reflet de mes propres parts oubliées, niées, ou blessées.
Des parts de moi qui ne demandent qu’à être vues. Qu’à être aimées. Qu’à être intégrées.
Le couple devient alors un chemin d’éveil.
Un terrain d’intimité consciente. Un espace d’amour lucide.
Une aventure vivante, en mouvement constant, profondément humaine. Une danse à deux, au service de la croissance de chacun·e.
Et c’est précisément dans cette danse que j’ai vu émerger la beauté et la vérité du lien. Car ce chemin d’amour, ce chemin d’intimité, se trace autant avec l’autre qu’avec soi-même.
Je me souviens, par exemple, de mon rapport à mon corps. Mon partenaire me répétait qu’il le trouvait beau, qu’il l’aimait profondément. Mais je ne pouvais pas l’entendre.
Je n’arrivais pas à croire ses mots, à les accueillir, à les laisser me toucher. Parce que moi, je n’aimais pas ce corps. Je le jugeais. Je le rejetais.
Tant que je n’ai pas plongé en moi pour l’aimer, le regarder avec tendresse, tant que je ne lui ai pas redonné une place sacrée, les mots de l’autre glissaient sur une peau fermée.
Il a fallu que je fasse la paix avec moi-même pour que ses mots puissent, un jour, résonner jusqu’au cœur de mes cellules.
Et puis, un jour, alors que j’avais encore du mal à m’aimer dans mes parts les plus sombres — celles que je jugeais indignes, moches, inavouables — il m’a regardée et m’a dit avec une simplicité désarmante :
« Tu sais, je t’ai vue dans toutes tes facettes. Le beau, le moins beau, le bordélique, le puissant. Et je suis toujours là. Parce que je t’aime dans tout ce que tu es. »
Ce jour-là, quelque chose s’est posé. J’ai compris que si lui pouvait m’aimer dans toutes mes parts, alors peut-être que moi aussi, je pouvais commencer à le faire.
C’est en accueillant ce que l’autre me révélait, en me laissant traverser par ce que la relation réveillait, que j’ai commencé à me rencontrer vraiment.
À me voir avec lucidité. À observer mes mécanismes. À transformer, de l’intérieur, ma relation à l’autre.
Ce que j’ai appris en 20 ans de relation, c’est que l’amour n’est pas une évidence figée, mais une construction vivante. Un double voyage : vers soi et vers l’autre. L’un nourrissant l’autre, en miroir, en écho, en profondeur.
Et ce qui est magnifique, c’est que ce voyage, nous pouvons le faire ensemble — avec amour, avec présence, avec la volonté sincère de grandir, côte à côte.
Mais il y a une chose que je crois profondément : Le couple peut être un chemin d’éveil, de croissance, de vérité… Mais seulement si nous acceptons de nous remettre en question.
Car sans cette honnêteté envers soi-même, sans cette volonté de plonger à l’intérieur pour observer ce qui se joue, sans cette conscience que l’autre n’est pas là pour combler nos manques, la relation risque de devenir un lieu de projection, de confusion, d’attente déçue.
Il n’y a pas de relation consciente sans conscience de soi. Il n’y a pas de lien nourrissant sans un minimum de lucidité, d’introspection, de responsabilité.
Le couple ne nous sauve pas. Il nous révèle.
Et c’est à partir de là, à partir de ce regard sincère porté sur nous-mêmes, que le lien devient un terrain fertile, vibrant, et profondément vivant.
Et toi, dans ton lien à l’autre…
Qu’est-ce que cela vient réveiller en toi ? Y a-t-il des parts de toi que tu refuses encore d’aimer, et que l’autre vient, sans le vouloir, te montrer ?
Avec le coeur,
Laura